Pilier De Comptoir
Jeudi, 21 heures. Je suis là, mû par quelque chose que je ne comprends pas. Surtout maintenant. En fait, si, j’ai quelques pistes de réponses. Asseyez-vous, vous prendrez un verre ?
J’avais prévenu de venir pour rencontrer un couple. Autre histoire, pour une autre soirée. Finalement, je me retrouve seul. J’attends, je sonde, échec. Puis ça me titille, comme si j’avais besoin de contact humain, de sociabiliser. Et si c’était ça ? Peut-être bien, ça doit être ça. En l’espace de deux messages, sans rien de concret, c’est décidé j’y vais.
En ce moment j’ai envie de ralentir, les interactions sociales sont pas toujours simples. Ça demande de l’énergie parfois. Et puis y a l’image de soi. Celle qu’on a soi-même et celle qu’on imagine que les autres ont de soi. Bref, je veux ralentir. Alors pourquoi je suis parti ? Pourquoi je me retrouve ici ? Je me suis dis qu’un ou deux demis, au pire quelques softs, et c’est bon. Rien de plus. Mais au fond je me doute qu’à tout moment, ça peut aller plus loin. Je sais que je tente le diable. Pourtant, j’y vais.
Le temps est pluvieux, humide, et c’est déjà l’heure de manger. Pourtant, j’y vais.
En fait ici, je sais que c’est pas sain au fond. Comme tous les rades. Mais ici y a de la camaraderie, y a une ambiance, y a un truc comme on dit. Ce truc, je le vis en ce moment même où j’écris, avec Saïd. On est au bar, je le connais pas, mais y a un truc. On parle, c’est fluide, c’est normal. C’est comme ça ici, et c’est ce qui me plaît. C’est pas la première que ça m’arrive et c’est ce qui me fait revenir. Alors me voilà, malgré la pluie, malgré ma raison.
Est-ce que je vais le regretter ? Je sais pas encore. Mais globalement, je suis content d’être là. Et puis ce soir, c’est session jam. Souvenirs.
Maintenant je sais, j’ai quelques remords, je dois bien l’avouer. Je ne pense pas avoir abusé, quand je fais le compte, ça va. Je me rassure. N’empêche que c’était déjà trop, j’imagine. Et si on faisait des bars à eaux ? Bon, je me risquerais pas trop sur la dernière cuvée des eaux de Bombay. C’est une expérience, j’imagine. Et des regrets, là c’est certain. Bref, c’est quoi le plan ? J’y vais plus ? Je trouve d’autres repaires plus “sains” ? Mais quoi ? Je bois ni thé ni café, c’est compliqué. Je crois que j’ai besoin de faire le point sur tout ça, autour d’un verre…
Ressources
- Photo de couverture : “It escalated into a melancholy murder.” par nimrodcooper est sous licence CC BY-NC-SA 2.0.