Mon Histoire De La Musique

Et toi, c’est quoi ton style de musique ? Hum, ça dépend, t’as du temps devant toi ?

Quand on est mélomane, j’imagine qu’on n’a pas de style prédéfini. On est sensible à un spectre plus ou moins large, pouvant évoluer au fil du temps et des découvertes. C’est ce que je ressens pour ma part. Et il se trouve que j’ai une facilité pour la musique, on appelle ça “l’oreille musicale”, ou absolue, je crois. Ceci dit, je ne répondrai pas une banalité du style “oh moi j’aime tout, j’écoute de tout”.

Il y a de la musique que j’aime et de la musique que j’aime pas. Ça ne me semble pas définitif, même s’il y a de la musique que je n’ai encore jamais aimé jusque là. Le Reggae. Dès les deux premières mesures, ça déclenche en moi une véritable aversion. Je ne sais pas pourquoi, je n’ai pourtant aucun souvenir ou vécu négatif associé à ce style. C’est viscéral. Il y a tout de même ce titre aux allures Reggae que j’apprécie : Stand The Ghetto, de Lavilliers. Sa voix n’y est pas pour rien, mais j’apprécie aussi l’instru. Cette réaction viscérale, je la connaissais avec le rap et la techno par exemple. Mais maintenant, c’est plus le cas, alors qui sait ?

Mes premiers souvenirs d’écoute choisie, c’est du classique. Mozart. C’est peut-être lié à cette fameuse oreille musicale, flattée par l’aspect harmonieux – et harmonique – des grandes symphonies classiques. J’ai adoré sa 25è symphonie, sa petite musique de nuit ou encore son requiem. Et puis il y a eu Chopin, et Ravel. Plus tard j’en ai découvert d’autres, car ce goût pour les orchestres symphoniques ne m’a pas quitté. Après Mozart, je me suis tourné vers Ray Charles. C’était aux début de Youtube, avant l’ère Google. Je regardais plus ou moins en boucle un enregistrement télé en noir et blanc de Hit the Road Jack. Ray au piano, les Cookies au chant. Enregistrement mono, image des années 60. Et surtout, ce groove. J’ai alors découvert The Genius, de Mess Around à Georgia on my Mind, en passant par I Got a Woman. Un véritable coup de foudre musical, qui ne m’a pas quitté non plus.

Cette découverte du Rythm’n’Blues m’a ouvert plus globalement à la Soul, au Blues et un peu plus tard à la Funk. Aretha Franklin, Billy Paul, Barry White, James Brown, Ottis Redding, … et j’en passe. Ce sont ces légendes qui ont eu l’attention plus que de mes oreilles, celle de mon cœur. Jusque là j’aimais principalement la musique pour sa beauté. Maintenant, je l’aimais surtout pour la force des émotions qu’elle me faisait ressentir. Billy Paul est pour moi un bon exemple, avec Your Song. Il y a une certaine retenue et un suspens dans cette chanson qui reviennent à plusieurs reprises. Ça, c’est l’instant émotion comme on dit à l’écran. Il y a aussi ces moments qui entrainent et donnent envie de danser. Et puis il y a l’histoire personnelle qui accompagne la chanson …

J’ai déjà eu l’occasion d’exprimer cette pensée. Pour moi, la musique est fortement liée au contexte d’écoute. Il y a de nombreux morceaux qui me font revivre précisément un souvenir, un sentiment ou une sensation à leur écoute. C’est vraiment intense, ça peut me faire pleurer quelques minutes, me rendre nostalgique quelques heures, ou me faire sourire. C’est d’ailleurs pour cette raison que je m’interdis d’écouter ma playlist “Bad mood” quand ça ne va pas. Je n’ose imaginer le résultat. J’essaierai peut-être un jour, pour la science. J’ai évoqué la nostalgie dans les échos de B612 à propos du Meilleur de la Fête de Fishbach. Je pourrais aussi évoquer l’explosion d’énergie positive quand j’entends Stayin’ Alive des Bee Gees. Cela me ramène à un souvenir de collégien, mon frère et moi en voiture, chantant à tue-tête, direction le collège. Mais au fond, y a toujours de la nostalgie …

La musique c’est aussi l’énergie pure. C’est ce que j’ai trouvé plutôt récemment dans la techno. Je suis d’abord passé par la House, puis l’Électro. J’ai commencé à sentir un truc différent, le beats. Ce truc ça transporte, ça donne de suite envie de taper du pied. J’ai compris. Mon côté amoureux du rock prog aime particulièrement l’électro de Jean-Michel Jarre ou de Kraftwerk. La scène française actuelle a aussi du répondant. Mon côté anar quant à lui aime l’énergie gueularde de Salut C’est Cool ou de Stupeflip. Et tous ces remixes connotés “Shit Music” comme Les Zinzins de l’Espace de Seephar ou Paysan Breton de Kosm. J’appelle ça de l’énergie pure parce que ce qui passe par mes oreilles se transforme immédiatement en mouvements de la tête, du pied, de la main. Ça aussi c’est viscéral.

Tout de même, s’il y a un style que je dois retenir parce qu’il me fait le plus voyager, à différents niveaux, c’est le rock progressif. Pink Floyd et Supertramp sont mes favoris. Le prog, c’est quitte ou double. Les intros sont longues et généralement lentes, le temps d’installer l’univers. C’est ça qui marche, mais il faut réunir quelques conditions pour ça. D’ailleurs je vous invite à essayer, c’est pas si compliqué. Asseyez-vous ou allongez-vous confortablement, respirez et faite le vide. Le tout maintenant est de se concentrer sur l’ouïe, sur le silence. Et écoutez Echoes, des Floyd. Après un quart d’heure, vous serez ailleurs, comme si vous aviez voyagé. Si vous arrêtez avant, j’avais prévenu. Quitte ou double. Pour moi, ce morceau est emblématique de ce que j’aime tant dans le prog : la contemplation, l’instru fournie qui raconte un univers, les sons peu communs qui ne mettent pas à l’aise.

La musique m’est essentielle. Elle m’aide à extérioriser, comme une danse sur Marcia Baïla de Rita Mitsouko, ou toutes ces œuvres qui me font sourir, vibrer, frissonner, pleurer, ressentir, vivre, survivre … M’est-il possible d’exister sans cette musique ? Que se passe-t-il quand la musique cesse ? Comment pourrais-je ressentir, exprimer mes ressentis intérieurs ?

A quoi sert une chanson si elle est désarmée ?


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