Et Si Je T'appelais ? (1)
Parfois je me dis “tiens ça fait longtemps, et si je t’appelais ?
A quelques lointains souvenirs près, je t’ai toujours connu à la maison, en tant que “figure paternelle” comme on aurait dit il y a bientôt 25 ans. D’ailleurs, ce n’est que très récemment que j’ai réalisé que tu occupais – peut-être malrgé toi – cette fonction parentale. Pour moi, cela a toujours été naturel et ça ne m’a pas perturbé. C’était même une situation confortable de ne pas avoir besoin d’aller au centre aéré le mercredi. C’était la journée vadrouille et Bécavine. On allait à droite à gauche avec le fidèle C15, où flottait une odeur d’huile de moteur et d’essence. Et puis les petites vacances aussi, toujours à la Bécavine, même l’hiver. Bonnet et gants ou bob et épuisette. Le Paradis sur Terre.
J’étais “le fils de Sandrine”, tu étais “Claude”. Ou “mon beau-père” quand les gens ne comprenaient pas. C’était pourtant simple. Je n’ai jamais su poser un terme précis sur cette relation – encore maintenant –, ceci dit je n’en ai jamais ressenti le besoin pour moi-même. C’était naturel. Quand j’y pense sans réfléchir, c’est tellement naturel que j’ai l’impression que tout ça a duré 20 ans. En réalité, 11 ans, à peu de choses près. Après ça, il y a eu un sacré bordel comme dirait l’autre, c’est une autre histoire.
Un de mes lointains souvenirs, c’est cette fois où tu m’as sorti du restaurant pour me calmer et m’expliquer quelques rudiments de politesse. On en revient au rôle parental. Comme toutes ces matinées où tu m’as emmené à l’école, où tu t’es occupé de moi, où tu m’as fait découvrir la nature et ton univers. Ce sont des parties de mon identité, tel que je suis aujourd’hui. Je crois que c’est exactement ça la transmission d’un parent. Tu m’as beaucoup appris, tu m’as beaucoup montré. J’ai appris à observer mon environnement, à réflechir avant d’agir, à me préoccuper de la nature, à être une personne ouverte qui se nourrit des autres et de leurs savoirs, à aimer transmettre, à jouer avec la terre, … la liste est longue.
Pour moi, les personnes inspirantes sont avant tout celles de notre quotidien, vécu et ressenti, au delà d’un simple effet de comm’ sur les réseaux. A bon entendeur, autre histoire. Bref, tu as été – et tu continue à être – une source d’inspiration pour moi. De ma démarche à mon caractère, en passant par le fidèle – lui aussi – pull de marin Saint James, je te ressemble. Comme je ressemble à tout ce qui contribue significativement depuis ma naissance au façonnement de mon identité. Cela dépasse sans nul doute le lien biologique. A bon entendeur, aussi. Autre histoire, encore.
Merci pour tout, je ne cesserai d’évoquer quelques “souvenances” – oui, j’ai une bonne mémoire – à ton sujet. Tiens, et si on s’appelait pour en discuter ? Ça fait longtemps …
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- Photo de couverture : photo personnelle