
Echoes
Remember that night.
Une volée de notes, touchées sur le clavier. C’est sa dernière, chaque frappe est ultime. Une envolée de cordes, pincées sur la fidèle Black Strat. C’est aussi sa dernière, en sa mémoire.
Overhead the albatross, hangs motionless upon the air.
Au-dessus d’eux, l’albatros est suspendu, immobile sur l’air, plus que jamais. Seul résonne l’écho d’un temps lointain. Puis quelque chose se réveille, essaie et monte dans les airs. Des airs de clavier et de guitare, marquant ça et là l’écho de cette dernière soirée.
Chaque fois que je l’écoute, je me souviens de cette soirée comme si je l’avais vécue. Chaque son produit un écho. Chaque écho fait vibrer une émotion. Chaque émotion rappelle un souvenir. Echoes n’a certainement jamais si bien portée son nom, jusque là je m’étais arrêté à l’aspect technique. Il y a bien plus que cela.
But something stirs and something tries, and starts to climb towards the light.
Elle évoque une naissance, un début, une mort, une fin, une renaissance, un renouveau. Quand je l’écoute, je suis tantôt dans un état de douce torpeur, ou inquiétante, tantôt dans un état second, de résonnance intérieure. Elle mêle mélancolie, douce amertume et sérénité, jusqu’au frisson.
Remember that day.
Enveloppé par la douceur du soleil, par la chaleur de tes bras, le vent frémissant dans les arbres, je suis ici. Je ferme les yeux, je suis là-bas, j’entends un écho familier. Au-dessus de nous, le goéland est suspendu, immobile sur l’air, plus que jamais. Je me noie dans le ressac, je me sens bien. Ce goéland je le connais, il est libre, je l’envie lui qui est ivre de bonheur à chaque instant. Il ne sait pas dire pourquoi il aime ce qu’il fait mais il sait que c’est pour cette raison qu’il le fait. Et c’est bien ça la clé du bonheur. Quand je pense à ce goéland, j’aimerais être comme lui.
Le paradis n’est pas un espace et ce n’est pas non plus une durée dans le temps. Le paradis, c’est simplement d’être soi-même parfait.
J’ouvre les yeux, seuls le soleil chaud, tes bras doux et les feuilles frémissantes m’entourent. Résonnent en moi les échos de la mélancolie et du bonheur, savant mélange qui m’apaise plus que tout sur le moment. Une autre représentation de Echoes s’offre à moi, où clavier et guitare deviennent émotions et sentiments qui jaillissent d’un pulsar interne.
Nous sommes libres d’aller où bon nous semble et d’être ce que nous sommes.
Tes bras me quittent, le vent poursuit son chemin, le soleil s’éteint. Seule subsiste cette résonnance intérieure. Elle mêle mélancolie, douce amertume et sérénité. Jusqu’au frisson.
Ressources
- Une version live, “Remember that Night” : https://www.youtube.com/watch?v=BW9Kts3fo98
- Une autre version live, “Live in Gdańsk” : https://www.youtube.com/watch?v=EMneCi9F_UQ
- “Jonathan Livingston le goéland”, de Richard Bach, traduit par Pierre Clostermann